Nous vous proposons d’aborder la tactique et la stratégie en régate sous forme de courts articles traitant des notions de base, les différentes phases de la régate et des exemples de situation.
Pour ce premier article, nous commencerons par un rappel de quelques notions de base tirées du blog de Pierre GINS, à partir d’un article nommé « tactique-et-stratégie-3-3« . Vous y retrouverez aussi des articles de détaillés Marc Bouët et Jean-Yves Bernot.
Quelques notions de base
Le gain au vent et sous le vent
Savoir qui est plus proche de la bouée de louvoyage (gain au vent) ou de la bouée sous le vent lors d’une descente vent arrière (gain sous le vent) n’est pas toujours évident. Pour le savoir, il faut imaginer des droites perpendiculaires à la direction du vent.
Deux bateaux sur une même perpendiculaire sont à égalité :
Le VMG (Velocity Made Good)
Lorsque les bateaux sont au contact, il est assez aisé de savoir lequel est devant l’autre en terme de gain au vent (le principe est le même pour le gain sous le vent). Lorsque les bateaux sont éloignés, cela est moins évident.
A la difficulté d’évaluer ce gain au vent lié à la distance entre les bateaux, se rajoute celle de l ‘évolution du vent en force et en direction sur différentes parties du plan d’eau.
Les voiliers n’ont donc pas la même vitesse de rapprochement – ou VMG- par rapport à la prochaine marque à contourner.
Ce rapport cap – vitesse est difficile à évaluer d’un voilier à l’autre quand les vitesses entre les bateaux sont proches sur les mêmes allures (cas de la monotypie, c’est à dire d’une flotte composée de bateaux identiques.
Les deux paramètres sur lesquels le régatier peut jouer sont le cap et la vitesse.
Question : Vaut-il mieux faire moins de cap et plus de vitesse, ou plus de cap en allant moins vite ????.
En résumé, faut-il faire de plus de distance en étant rapide ou prendre un chemin plus court mais avec moins de vitesse ????
La réponse n’est pas simple, d’autant que cette évaluation du bon rapport cap – vitesse peut varier selon des paramètres « extérieurs » comme, par exemple, des zones de courant ou des variations de vent. Ces variables peuvent être communes à la flotte ou ne concerner qu’un groupe de bateaux.
Le régatier expérimenté évaluera rapidement son VMG par rapport aux autres en mémorisant plusieurs fois, à intervalles courts, des images de la position des concurrents par rapport à lui-même et à la marque à contourner. Cela, sans nuire à la marche du bateau qui doit être à sa vitesse cible (max) en permanence en fonction de son allure.
Le cadre et la déformation du cadre
Le cadre
Si vous prenez le départ d’une course et que vous atteignez la bouée au vent en deux bords (un seul virement) sans faire de chemin en trop, alors vous avez dessiné le bord du cadre au-delà duquel vous aurez parcouru un chemin inutile :
La déformation du cadre ou le cadre évolutif
Nous comprenons, tenant compte de la notion de gain au vent et de VMG, l’importance des variations du vent en direction et en force. Celles-ci peuvent, en quelques secondes, modifier radicalement les positions des bateaux les uns par rapport aux autres.
Concernant les variations de direction du vent, cela a pour effet de modifier la forme du cadre.
Ainsi, si vous naviguez en bord de cadre (appelé lay-line), vous pouvez vous retrouver hors cadre si la bascule du vent ne vous est pas favorable.
Bascule de vent à droite après le départ, durant le premier bord de louvoyage (cadre gauche en rouge) :
tous ceux qui étaient partis à droite dans le cadre bleu font la bouée directement, et ceux qui étaient au bord droite du cadre bleu avant la bascule font route vers la bouée tribord amûre au débridé !! Ceux qui sont restés centre droit feront le moins de route.
Pour ceux à gauche du plan d’eau : dommage ….ils parcoureront deux fois plus de route ! Sur un grand parcours, cela créé des écarts conséquents.
D’où l‘intérêt de rester centré pour conserver un choix et jouer les bascules dans un sens ou dans un autre.
Le bord rapprochant
Pour savoir quel est le bord qui vous rapproche le plus de la bouée, vous devez tenir compte de plusieurs paramètres. Certains viennent d’être évoqués ; d’autres éléments doivent aussi être pris en considération.
Paramètres évoqués :
- les variations du vent : suivre les bascules et effectuer la route la plus courte. Voir ci-dessus.
- le VMG (parfois meilleur sur un bord que sur l’autre du fait de l’orientation des vagues, du vent adonnant courant quand on navigue épaulé par le courant, …)
Il faut savoir que c’est le vent apparent qui conditionne le cap et la vitesse du bateau.
on constate que si le vent réel augmente, le vent apparent adonne : il faut lofer ou choquer, mais si la vitesse du bateau augmente, le vent refuse : il faut abattre ou border. Voir ci-dessous.
Cas de la vitesse bateau qui augmente :
Si la vitesse du bateau (VB) augmente, le vent apparent (VA) augmente aussi et il refuse : il sera plus fort et davantage dans l’axe du bateau. Donc, quand on accélère, on abat ! ou alors on borde les voiles. Ou on dose les deux.
Ceci, à condition que le vent réel ne change pas. Or, généralement, à allure semblable, on accélère quand le vent est plus fort. Et quand il est plus fort, il change de direction … . A vous d’observer rapidement et de réagir vite.
Beaucoup de ces éléments extérieurs s’observent sur l’eau, soit en regardant le plan d’eau, les nuages, soit en observant à terre des signes indicateurs, soit en observant le cap et la vitesse des bateaux répartis sur le plan d’eau, y compris la direction des bateaux au mouillage (ils font une somme vectorielle entre le courant et le vent, selon le fardage de chacun).
Tout est question de dosage, d’observation de sa voile (penons), d’analyse du plan d’eau, de sa capacité à évaluer rapidement le cap et la vitesse de chaque groupe de bateau voire de chaque bateau observé !
Pour en savoir plus
Voir le site Performance Voile de Pierre GINS
Télécharger le dossier tactique de départ de Marc Bouët
Par Didier Desray